Le blog de Laurent Schietecatte, professeur d'histoire-géographie au collège et au lycée Jules Verne (Nantes)
27 Janvier 2014
Aujourd'hui 27 janvier a lieu la journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité, date symbolique qui correspond à la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau. Prétexte donc pour vous signaler l'émission de Guillaume Galienne sur la littérature et les camps.
Vous le connaissez certainement comme acteur, sociétaire de la comédie française. Mais il anime également chaque samedi sur France inter, ça peut pas faire de mal, une émission dans laquelle il transmet sa passion pour la littérature par de formidables lectures.
En novembre 2013, il a consacré deux de ses émissions à la littérature des camps : le goulag et les camps nazis. Je vous conseille vivement cette dernière pour prolonger le témoignage d'Ida Grinspan. Guillaume Gallienne y lit de bouleversants extraits de déportés comme Primo Levi, Anne Franck ou encore ce poème de Charlotte Delbo, tiré d'Aucun de nous ne reviendra (éditions de Minuit, 1970) :
"O vous qui savez
Saviez-vous que la faim fait briller les yeux
que la soif les ternit
O vous qui savez
Saviez-vous qu'on peut voir sa mère morte
et rester sans larmes
O vous qui savez
Saviez-vous que le matin on veut mourir
que le soir on a peur
O vous qui savez
Saviez-vous qu'un jour est plus qu'une année
une minute qu'une vie
O vous qui savez
Saviez-vous que les jambes sont plus vulnérables que les yeux
Les nerfs plus durs que les os
Le cœur plus solide que l’acier
Saviez-vous que les pierres du chemin ne pleurent pas
Qu’il n’y a qu’un mot pour l’épouvante
Qu’un mot pour l’angoisse
Saviez-vous que la souffrance n’a pas de limite
L’horreur pas de frontière
Le saviez-vous
Vous qui savez."