25 Février 2019
Depuis 1830, l'Algérie est un territoire français, découpé ensuite en départements. En 1954, la société algérienne est très inégalitaire : elle compte 9,5 millions d'habitants mais à peine 10 % sont d'origine européenne. Avec un revenu individuel annuel de 780 000 francs, ils sont cadres supérieurs, techniciens fonctionnaires et 98 % ont été scolarisés dans le primaire. Les Algériens sont eux majoritairement agriculteurs ou ouvriers avec un revenu moyen de 22000 francs et seuls 18 % ont été scolarisés en primaire.
Le 01 novembre 1954, le FLN (Front de Libération Nationale) organise les 1ers attentats et proclame "la restauration de l'Etat algérien souverain" et "la liquidation du système colonial".
La réaction des autorités françaises aux attentats du FLN est sans appel : "à la volonté criminelle de quelques hommes doit répondre une répression sans faiblesse" (Pierre Mendès France, chef du gouvernement français, 12/11/1954). Fin 1957, il y aura 450 000 soldats français en Algérie, permis notamment par l'allongement du service militaire à 27 mois. En tout, la guerre aura mobilisé 1,5 million de jeunes appelés.
De 1954 à 1962, la guerre d'Algérie sera marquée par une lutte sanglante entre le FLN et la France.
Les massacres d'août 1955 dans le Constantinois en sont un exemple révélateur : plusieurs centaines d'Algériens indépendantistes déclenchent une insurrection en attaquant des maisons d'Européens : 26 militaires et 92 civils sont tués parmi lesquels 71 Européens. Ce soulèvement est sévèrement réprimé par les militaires français qui massacrent à leur tour des musulmans pris au hasard dans la rue, faisant officiellement plusieurs centaines de victimes (1 273 morts selon le bilan officiel et 7500 plus véritablement).
La convention de Genève, signée par la France en 1949, "interdit la torture et les services corporels". Pourtant encouragés par les autorités françaises, les soldats en Algérie utiliseront la torture pour obtenir des renseignements et intimider leurs adversaires. Le général Aussaresses avouera bien après la guerre la pratique de la torture.
Le 13 mai 1958, les Français d'Algérie, soutenus par l'armée, manifestent à Alger pour s'opposer à l'ouverture de négociations avec le FLN qui pourraient mener à l'indépendance. Ils veulent le maintien de l'Algérie à la France et demande le retour du général de Gaulle.
Le 01 juin 1958, de Gaulle devient président du conseil et obtient les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle constitution : elle sera adoptée par référendum en septembre. De Gaulle devient en décembre le 1er président de la Ve République.
En 1959, pour la 1ère fois, de Gaulle évoque l'autodétermination de l'Algérie afin que les Algériens puissent "décider de leur destin". En janvier 1961, le référendum sur l'autodétermination recueille 72,25 % de « oui » en métropole et 69,09 % en Algérie.
Malgré la résistance de l'OAS (Organisation Armée Secrète) qui organise de nombreux attentats pour garder l'Algérie française et d'une partie de l'armée, l'Algérie accède à l'indépendance par les accords d'Evian de 1962, approuvés à 90 % par les Français.
Le bilan humain est très lourd : entre 300 000 et 400 000 morts du côté algérien et environ 30 000 côté européen (civils et militaires).
Près d'un million de pieds-noirs (les Européens d'Algérie) vont quitter précipitamment l'Algérie.
Le sort des harkis (les Algériens ayant combattu aux côtés des Français) sera encore plus difficile : "nombreux sont ceux qui sont massacrés par le FLN car considérés comme traîtres. Des dizaines de milliers de harkis ont été tués (...) : le nombre de victimes est estimé entre 10 000 et 150 000" (Source : ina). Ceux qui ont quitté l'Algérie (environ 100 000) ont été concentrés dans des camps et leur insertion au sein de la société française a été très compliquée.