5 Janvier 2017
Durant la guerre des centaines de chansons ont été composées et chantées à l'arrière et sur le front.
Elles reprennent parfois des airs célèbres comme cette comptine enfantine "Auprès de ma blonde" transformée par Gaston Montéhus en "la chasse aux barbares". Ainsi le couplet,
"Dans les jardins de mon père,
Les lilas sont fleuris ; (bis)
Tous les oiseaux du monde
Viennent y faire leurs nids."
a été remplacé par :
"Pour chasser les barbares
Qui veul’nt rentrer chez nous
Pour chasser les barbares
Français sans peur, debout
Ne versons pas de larmes
Fièr’ment prenons les armes"
La Maîtrise de Radio France - La chasse aux barbares
Certaines chansons vont jusqu'à célébrer des armes meurtrières ! Théodore Botrel, chansonnier français, est envoyé par le ministre de la guerre dans les cantonnements, les casernes et les hôpitaux pour y chanter aux troupes ses poèmes patriotiques comme "ma p'tite mimi", hymne à la mitrailleuse, qui pourtant décime les rangs des soldats sur le front. Pierre Desproges en 1985 se moquera cruellement de cette chanson... étonnante.
"Quand ell' chante à sa manière
Taratata, taratata, taratatère
Ah que son refrain m'enchante
C'est comme un z-oiseau qui chante
Je l'appell' la Glorieuse
Ma p'tit' Mimi, ma p'tit' Mimi, ma
mitrailleuse
Rosalie me fait les doux yeux
Mais c'est ell' que j'aim' le mieux."
D'autres dénoncent la guerre, les conditions de vie des soldats confrontés à l'absurdité des combats, les permissions trop courtes, la mort comme La chanson de Craonne, chanson antimilitariste de 1917. Plusieurs versions existent comme celle de Marc Ogeret. Le CRID propose également un enregistrement très émouvant par la classe de CM2 de l'école Madame de Sévigné de Dieppe durant l'année scolaire 2008-2009 : c'est ici. Plus moderne est la version mise en ligne par l'académie d'Orléans-Tours, là.
"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !"
Marc Ogeret chante la chanson de Craonne en 1985
On chante également également côté britannique. Le régiment irlandais des Connaught Rangers va populariser "It's a long way to Tipperary" (Tiperrary est une ville au sud de l'Irlande) lorsqu' ils arrivèrent en France en août 1914. Chanson de music-hall, elle va devenir célèbre dans le monde entier grâce à la guerre !
"It's a long way to Tipperary
It's a long way to go
It's a long way to Tipperary
To the sweetest girl i know !
Goodbye Piccadilly
Farewell, Leicester square !
It's a long long way to Tipperary
but my heart's right there"
Version de It's long way to Tipperary de septembre 1914
Plus contestataire, "Hanging on the old barbed wire" est une violente charge contre les officiers qui, au lieu de se battre aux cotés des simples soldats, s'épinglent de nouvelles médailles ou se remplissent la panse. L'état major britannique tentera de la faire interdire mais sans succès. Le groupe punk anglais Chumbawamba l'interprétera en 1988 sur son lp "english rebel songs 1381-1914".
Hanging on the old barbed wire par Chumbawamba, from English Rebel songs 1381-1914 (10'' lp, 1988)