15 Octobre 2015
L'île de sable (aujourd'hui île de Tromelin), un îlot désert de 1 km², situé à 535 km au nord de la Réunion et qui aujourd’hui fait partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Du 17 octobre 2015 au 30 avril 2016, le château des ducs de Bretagne consacre une exposition à une extraordinaire aventure, celle des esclaves oubliés de Tromelin.
"Parti de Bayonne le 17 novembre 1760, l’Utile, un navire de la compagnie française des Indes orientales, s’échoue le 31 juillet 1761 sur l’île de Sable (aujourd’hui île Tromelin), un îlot désert de 1 km² au large de Madagascar. Il transporte 160 esclaves malgaches achetés en fraude, destinés à être vendus à l’île de France (l’île Maurice actuelle). L’équipage regagne Madagascar sur une embarcation de fortune, laissant 80 esclaves sur l’île, avec la promesse de venir bientôt les rechercher. Ce n’est que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, que l’enseigne de vaisseau, futur chevalier, Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, sauve les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois."
L'histoire des oubliés de Tromelin est connue par le journal personnel de Keraudic, l’écrivain du bord du navire l'Utile mais également grâce aux fouilles archéologiques réalisées sur l'île à partir de 2006 par une équipe dirigée par Max Guérout, qui va mener une véritable enquête historique pour retrouver les traces des esclaves oubliés et démontrer comme des êtres humains ont été capables de s'adapter aux milieux les plus inhospitaliers. Comment se nourrir aura été leur première préoccupation ? "Les naufragés ont laissé leur empreinte au travers de leurs rejets, principalement des restes consommés. La couche d’occupation archéologique est très riche en os fragmentés. Il s’agit principalement d’oiseaux et de tortues, les restes de poissons étant très rares et la consommation de coquillages non avérée. L’animal le plus consommé est la sterne fuligineuse qui étaient consommées grillées et découpées à l’aide d’outils tranchants."
Cette mission archéologique fera l'objet d'un film passionnant, les esclaves oubliés de l'île Tromelin, un documentaire de Thierry Ragobert et Emmanuel Roblin.
Le mobilier des naufragés. Ici des ustensiles de cuisine (récipients en cuivre) surmontés d’un coquillage évidé. Ils étaient rangés à l’intérieur d’un des bâtiments construits par les naufragés après le départ des Français.
Le documentaire de Thierry Ragobert et Emmanuel Roblin, les esclaves oubliés de l'île Tromelin.
L'histoire des esclaves de Tourmelin a inspiré la romancière Irène Frain avec les naufragés de Tourmelin et surtout au dessinateur Sylvain Savoia, une magnifique bande dessinée, les esclaves oubliés de Tromelin. "L'archéologue Max Guérout a invité le dessinateur à les rejoindre lors d'une expédition d'un mois sur Tromelin. De là est né ce livre : une bande dessinée qui entremêle le récit "à hauteur humaine" (on "voit" l'histoire du point de vue d'une jeune esclave, l'une des survivantes sauvées par le chevalier de Tromelin) avec le journal de bord d'une mission archéologique sur un îlot perdu de l'océan Indien." Remarquable.
Les deux ouvrages sont disponibles au CDI.
France culture a consacré une émission aux "Robinson de Tromelin découverts par l'archéologie". A écouter ci-dessous.