6 Avril 2016
Maher Al-Mounes est un journaliste de l’AFP basé à Damas qui a été le premier à entrer dans Palmyre, libéré par les forces du régime syrien. Il était accompagné du photographe Joseph Eid. Sur le Making Off de l'AFP, il raconte ce qu'il a vécu dans un article captivant : Écrire l’histoire dans les ruines de Palmyre.
"Ce matin-là, mes sources ont confirmé la reconquête totale par l’armée syrienne de la ville et du complexe archéologique voisin, vieux de plus de deux mille ans. La nouvelle a fait le tour du monde, et l’AFP va être le premier média étranger à entrer dans Palmyre. Je déborde littéralement de joie. Non seulement parce que je suis sur le point de réaliser un scoop, mais surtout parce que j’ai eu le plaisir d’annoncer une nouvelle que tant de gens, en Syrie et au-delà, avaient depuis longtemps envie d’entendre. Mon portable ne tarde pas à sonner, sans interruption. Ce sont mes collègues du bureau de l’AFP à Beyrouth, mes amis syriens réfugiés en Allemagne, en Norvège, en Liban ou en Turquie. Tous me posent la même question: qu’est-il advenu des ruines ?
Je ne connais pas encore la réponse. Et en fait, j’ai peur de la découvrir."
Et ils vont peu à peu découvrir les terribles dégâts faits par l'Etat islamique
"Soudain, je me retrouve dans le célèbre théâtre romain de Palmyre. Il est encore debout. Un large sourire de soulagement se dessine sur mon visage. Mais ce sourire s’efface un peu plus loin, quand je découvre que l’Arc de Triomphe a été entièrement détruit. Puis je me dirige vers ce qui fut le Temple de Baal. Une œuvre architecturale majeure, qui mêlait les styles grec, romain et moyen-oriental. Il n’en reste qu’un tas de pierre chauffant sous le soleil de midi. Des fleurs jaunes ont envahi les gravats.
Et ce n’est que le commencement. Les tours funéraires sont en partie démolies. Un peu partout, des colonnes ont été abattues. Mais beaucoup sont encore debout, comme des témoins de tout ce qui s’est passé ici."
Une photo du Temple de Baal à Palmyre prise en mars 2014, et ce qui reste du monument le 31 mars 2016 après sa destruction par l'Etat islamique six mois plus tôt (AFP / Joseph Eid)