Ivoire et ébène

A Nantes, boulevard Léon Bureau, la Samoa, Nantes Métropole, la ville de Nantes et Bouygues immobilier mènent sur l'île de Nantes un projet de construction de «deux résidences d’exception» : les nouveaux mondes, Ivoire et Ebène. Il sera situé à quelques mètres du Mémorial de l’abolition de l’esclavage qui est un «hommage aux millions de victimes de la traite et de l’esclavage à travers le monde, hommage à ceux qui se dressèrent contre ce crime, hommage aux luttes d’hier et d’aujourd’hui».

Le choix des noms ne peut qu'interroger.

La mention des "nouveaux mondes" est une référence directe aux Amériques, nouveau monde qui sera au coeur de la traite négrière. 

Le bois d’ébène, ce bois tropical qui se caractérise par sa couleur noire, était le nom donné par les négriers, nantais notamment, pour désigner les esclaves noirs déportés aux Amériques. Prosper Mérimée y fait référence dans sa célèbre nouvelle Tamango : "Quand la traite des nègres fut défendue, et que, pour s’y livrer il fallut non-seulement tromper la vigilance des douaniers français, ce qui n’était pas très-difficile, mais encore, et c’était le plus hasardeux, échapper aux croiseurs anglais, le capitaine Ledoux devint un homme précieux pour les trafiquants de bois d’ébène."

Enfin la côte de l’Ivoire, c’était durant la période la traite, une des régions les plus actives sur les côtes occidentales d’Afrique.

Et puis surtout, Nantes a été le premier port négrier français, le 4^e en Europe, avec plus de 1700 expéditions entre le milieu du XVIIe et le milieu du XIXe siècle.

Nul doute qu'il est souhaitable que les acteurs de ce projet retirent ces noms emprunts d'un lourd passé pour d'autres plus éclairés.