8 Décembre 2019
Guillermo Arias est un photojournaliste qui vit depuis 10 ans à Tijuana, la "grande ville frontière traversée par tant de migrants en quête de rêve américain". Il a reçu cette année le visa d'or Paris Match News, un des plus grands prix de photojournalisme, pour ses photographies de la "Caravana", immense migration de femmes et d'hommes qui depuis le Honduras ont franchi trois frontières et presque 4500 km.
Le making off de l'AFP lui a demandé de commenter son travail et ses photographies. Extraits :
"En couvrant la "Caravana", j'ai eu le sentiment de vivre un moment d'Histoire avec un grand H. Partis du Honduras, les migrants ont traversé presque 4.500 kilomètres, la plupart du temps à pied.
Mais surtout, ils ont dit "Basta" et décidé de lutter ensemble pour leur survie.
“Cette fois on part ensemble et ainsi, on se protégera entre tous”: c’était leur projet. Le groupe a franchi trois frontières, et a grandi en route, atteignant jusqu’à 7.000 personnes.
Cette volonté d’affronter ensemble les dangers n’a rien d’anodin. La traversée du Mexique est périlleuse. Pour les femmes par exemple: les ONG distribuent des kits contenant une pillule du lendemain car une femme sur quatre est violée sur la route.
Observer les enfants tentant de franchir les la frontière vers les Etats-Unis est toujours déchirant. "
Vue aérienne de migrants du Honduras dans le sud du Mexique, non loin de la ville d'Arriaga, le 27 octobre 2018. (AFP / Guillermo Arias) (AFP / Guillermo Arias)
"Parfois, je me demande si, devenus adultes, ils comprendront pourquoi leurs parents les ont exposés à de tels dangers. La réponse est simple. Ils tentent d’échapper à de situations encore plus dramatiques. Je pense par exemple à cette mère de famille, partie avec ses quatre filles car l’une d’entre elles avait trop plu au chef d’un gang. “Si je reste, m’a-t-elle raconté, je devrais remettre mes filles aux gangs”.
Repos à l'air libre sur un terrain de basket, Etat d'Oaxaca, sud du Mexique, 28 octobre 2018. (AFP / Guillermo Arias)