11 Décembre 2019
Cette carte montre les zones qui risqueraient d'être inondées en 2030 en cas de crue annuelle dans l'agglomération nantaise, selon Climate central.
Dans Ouest France, Benjamin Strauss, chercheur américain et directeur scientifique de Climate Central, déclare que deux régions, aux étendus proches du niveau de la mer, sont très vulnérables en France : la côte ouest, entre Nantes et Bordeaux, et la côte nord, de Dunkerque à Calais.
Ainsi en 2050, de Saint Nazaire à Mauves sur Loire (commune en amont de Nantes), les territoires qui bordent la Loire seraient directement menacés par la montée des eaux due au réchauffement climatique.
Le climatologue Jean Jouzel, directeur au Commissariat à l'énergie atomique estime que cette carte "prouve qu'il faut arrêter de construire dans les zones à risques ou bien le faire avec un rez-de-chaussée inondable. Il faudrait avoir des digues en bon état".
Selon les projections de Climate Central, l'île de Nantes serait particulièrement menacée par la montée des eaux (archives Franck Dubray/Ouest France)
Parmi les aménagements menacés, le futur CHU qui doit ouvrir en 2026, sur l'île de Nantes :
"C’est un trait bleu sur les cartes du site Climate Central. Ils débordent de quelques mètres sur les quais actuels, à droite du pont des Trois-Continents. Cela préfigure ce qui pourrait se passer si le niveau de la mer s’élevait de 50 cm d’ici 2050.
Avec un papier-calque, maintenant, reportons la carte sur laquelle est placé le futur CHU de l’île de Nantes. Le trait bleu échoue à quelques mètres des façades du futur CHU qui doit ouvrir en 2026. Le dossier est bouclé, le permis de construire a été délivré par la préfecture et il n’est pas remis en cause. Aucun recours n’a été déposé dans les délais impartis. Idem en ce qui concerne l’autorisation environnementale.
Les appels d’offres pour les terrassements ont été lancés début novembre. Les entreprises ont jusqu’à février pour remettre leurs offres. Les travaux doivent démarrer en novembre ou décembre 2020.
Sur une autre carte, toujours publiée par Climate Central, le site du futur CHU, comme d’ailleurs les trois quarts de l’île de Nantes, est en rouge. Pour mieux alerter sur les risques d’inondations.
« Le cumul d’une belle tempête, une grande marée et une crue exceptionnelle de la Loire, avec forte pluie en amont, peut créer une catastrophe. Nous avons pointé ce risque depuis des années », souligne Christian Biaille, un ingénieur en retraite, membre du Groupement d’analyses et d’études de Loire-Atlantique (Galea), vent debout contre le projet du CHU sur l’île.
« On nous a dit que le site du futur CHU n’est pas menacé par une crue centennale sur les cartes établies par les services de l’État au début des années 2010, mais uniquement par les crues millénales (1 risque sur 1 000 chaque année). Mais centennale ou millénale, le risque est là, s’agace Christian Biaille. On ne peut prédire quand la catastrophe va survenir. Et cela même sans élévation du niveau de la mer. »
Face à la pression et pour coller à l’adage mieux vaut prévenir que guérir, les architectes ont pris des précautions afin de mettre hors d’eau le futur CHU : fondations de grande profondeur ; cuvelages des locaux et des parkings en sous-sol, etc..
La facture est déjà lourde. 953 millions d’euros annoncés. Mais le Gaela estime qu’elle s’alourdira bien au-delà.
Le réchauffement climatique et la montée des eaux ne peuvent qu’apporter de l’eau, c’est le cas de le dire, au moulin de son idée fixe : « L’endroit idéal pour construire le futur CHU, c’est Saint-Herblain, sur le site actuel de l’hôpital nord Laennec. » Un lieu en hauteur, bien au-dessus du niveau de la Loire."
Ouest France, mardi 10 décembre 2019