18 Décembre 2013
« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne,
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme
Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades,
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades,
Ohé les tueurs, à la balle et au couteau tuez vite.
Ohé saboteur, attention à ton fardeau dynamite...
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères
La haine à nos trousses et le faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens aux creux des lits font des rêves.
Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue... nous on crève...
Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe.
Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute... »
Savez-vous que le chant des partisans est né en une après-midi sur un coin de table à Londres le 30 mai 1943 ? Ecrit par Joseph Kessel (résistant et auteur de l'armée des ombres) et son neveu Maurice Druon sur une musique d'Anna Marly en 1943, le chant des partisans est devenu très rapidement le générique aux émissions de la France Libre. Pour les français, qui écoutent en secret Radio Londres, il devient l'hymne de la résistance, comme pour les maquisards qui l'utiliseront comme cri de ralliement. Il fait aujourd'hui parti du patrimoine musical de la chanson française, repris régulièrement par de nombreux artistes comme le groupe Zebda ou encore par le groupe italien Friser en 2011... A écouter et à méditer pour comprendre l'engagement de femmes et d'hommes qui ont continué à se battre malgré la défaite et le régime de Pétain.
Pour en savoir plus, vous pouvez écouter l'excellente chronique de Bertrand Dicale diffusée en 2010 sur France info dans son émission "ces chansons qui font l'histoire" ou encore regarder l'extrait du journal de France 2 consacrant un reportage aux 70 ans du chant des partisans.
Le chant des partisans est à associer au célèbre poème de Paul Eluard, Liberté, écrit en 1942 et qui sera parachuté à des milliers d'exemplaires au-dessus du sol français par l'aviation britannique, la Royal Air Force.
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffées d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté